Qu'est-ce que l'innovation pour le dialogue? | Innovation pour le dialogue | DW | 27.04.2023
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Introduction

Qu'est-ce que l'innovation pour le dialogue?

Notre sphère publique s'est muée en une sphère d'information numérique. Cette transformation en cours crée d'énormes opportunités, mais pose également d'énormes défis.

Encourager l'innovation pour améliorer le dialogue public dans la sphère numérique est une mission importante pour le développement des médias. La DW Akademie fait de l'"innovation pour le dialogue" un domaine d'action prioritaire de sa stratégie numérique, ce qui répond à une série de défis. 

Pas de règles du jeu libres et équitables pour tous 

Il est incontestable que, grâce à la révolution numérique, les gens peuvent participer aux débats sociaux et les façonner de bien des façons nouvelles. La technologie offre des possibilités illimitées pour rendre l'information rapidement accessible. Chacun peut dorénavant partager et commenter directement ces informations. Les gens peuvent s'engager dans un dialogue sur les affaires publiques de nouvelles façons. Les questions peuvent être débattues sur divers sites de médias sociaux, forums de discussion ou plates-formes de messagerie.

Cependant, les outils technologiques disponibles et les approches utilisées actuellement ne parviennent souvent pas à garantir des conditions de concurrence libres et équitables pour tous. Ils ne garantissent pas non plus le droit de chacun à la liberté d'expression et n'incluent pas tous les groupes concernés, tels que les communautés défavorisées et sous-représentées, dans les conversations sur les questions d'intérêt public.

Les entreprises privées détiennent le contrôle d'infrastructures cruciales pour la sphère publique 

On découvre ici l'apparition de nouvelles contraintes. L'accès à l'équipement technique, aux ordinateurs, aux smartphones, à l'internet et à des informations abordables, ainsi que les connaissances, les aptitudes et les compétences nécessaires pour utiliser la technologie, sont des conditions préalables à la participation à des débats publics. La langue devient un autre obstacle lorsque les gens ne trouvent pas suffisamment de contenu dans leur langue maternelle. 

Les nouvelles technologies offrent de nouveaux moyens de rendre l'information visible, de l'amplifier et de la hiérarchiser. Elles définissent les informations qui auront le plus de chances de faire partie des débats publics et de les dominer. Les journalistes et les entreprises de médias ne sont plus les gardiens de l'information et pilotes des débats. Ils ont été remplacés par des plateformes de médias sociaux, créées et gérées par des entreprises privées qui offrent une infrastructure fondamentale pour la sphère publique. Leurs algorithmes, qui définissent essentiellement le caractère du débat public, sont principalement optimisés pour augmenter les recettes publicitaires plutôt que pour garantir que le plein potentiel des discussions d'ordre public soit atteint.  Les États cherchent de plus en plus à réglementer ces plateformes et à faire en sorte que l'intérêt public soit également pris en compte, mais le modèle commercial de base des plateformes qui est de fournir une infrastructure en échange de données, demeure inchangé.

Cet écosystème d'information numérique est donc plein de dysfonctionnements et de fluctuations. Notre sphère publique se rétrécit.

  •  Les groupes d'intérêts particuliers qui ont de l'influence et de l'argent, et dont les opinions sont souvent minoritaires, ont de bonnes chances d'orienter les débats publics en faveur de leurs intérêts. Les mauvais acteurs, tels que les extrémistes, les groupes terroristes ou les États autoritaires qui maîtrisent la technologie, peuvent facilement détourner les débats pour servir leurs objectifs. 
  • Les informations peu fiables se propageant rapidement, les mauvais acteurs utilisent fréquemment ces plateformes pour diffuser de la désinformation et de la propagande. Ils déploient des robots sociaux comme "armes" pour amplifier leurs points de vue, dévier les débats politiques et perturber les élections. 
  • D'un côté, l'information semble riche, mais les gens se sentent souvent submergés, désorientés et en proie au doute. Ils ne disposent pas de filtres pour repérer les informations exactes et crédibles, sans lesquels le dialogue public peut facilement sombrer dans le chaos.  
  • Les discussions sont souvent dominées par les émotions plutôt que par les faits, car les algorithmes des médias sociaux favorisent les émotions qui suscitent un plus grand engagement de la part de leurs utilisateurs et se traduisent par des recettes publicitaires plus importantes. 
  • Les débats se polarisent rapidement et sont fréquemment caractérisés par diverses formes de harcèlement en ligne. Le trolling et l'intimidation peuvent empêcher les gens de participer librement aux débats publics et aux affaires publiques en général. Ils sont également souvent utilisés pour faire taire les opinions critiques. 
  • Les gens interagissent de plus en plus dans des canaux fermés sur des services de messagerie ou des médias sociaux opaques, ce qui risque de les isoler des autres groupes et du public. Les discussions se fragmentent, empêchant de fait les sociétés de créer un terrain d'entente et des récits communs.

 

Les dangers liés à l'absence de réponses appropriées à ces défis sont considérables. 

  • Au cours de la prochaine décennie, des centaines de millions de personnes se connecteront à l'internet pour la première fois, la plupart d'entre elles dans les pays du Sud. Les masses de nouveaux utilisateurs, dont beaucoup sont inexpérimentés sur le plan numérique et proviennent souvent de sociétés à faibles revenus et conservatrices, apporteront de nouveaux modèles et comportements d'utilisation, accentuant les défis actuels et en créant de nouveaux. 
  • Les médias libres et indépendants luttent aujourd'hui pour leur survie et les journalistes  continueront à perdre de l'importance, à moins qu'ils ne trouvent des contenus, des formats et des canaux plus appropriés pour les aider à participer au dialogue public en ligne.
  • Les gouvernements utiliseront ces tendances négatives pour introduire des réglementations plus strictes. Les régimes autoritaires trouveront davantage d'arguments pour approuver des règles plus strictes et les utiliseront pour étouffer les opinions critiques.  
  • L'innovation technologique continuera d'être façonnée par des entreprises à but lucratif telles que les plateformes de médias sociaux, dont la logique commerciale ne changera pas fondamentalement. 
  • Les intérêts commerciaux seront les principaux moteurs de la poursuite des progrès technologiques rapides. L'expansion de l'intelligence artificielle, de l'internet des objets et de la réalité virtuelle et augmentée modifiera rapidement le paysage de l'information et créera de nouvelles voies pour les comportements négatifs en ligne et des méthodes de manipulation encore plus sophistiquées.

Qu'est-ce que l'innovation pour le dialogue? 

L'innovation dans ce secteur signifie que les sociétés doivent être en mesure de prendre le plein contrôle de leurs discussions publiques à l'aide d'une infrastructure qui sert le public plutôt que des intérêts privés.  

Les sociétés doivent pouvoir définir elles-mêmes les questions qu'elles jugent pertinentes, au lieu d'algorithmes optimisés pour augmenter les recettes publicitaires. Elles doivent créer des espaces publics numériques sans obstacles et les protéger contre les restrictions et les manipulations.  

Si les sociétés ne parviennent pas à développer de nouvelles approches et à trouver de nouvelles solutions pour compenser les effets néfastes de la transformation numérique sur notre sphère publique, ces tendances négatives auront un impact plus important et la cohésion sociale sera en péril. 

La publication de la DW Akademie intitulée "Media Development in Practice: Innovation for Dialogue" examine comment le dialogue public pourrait devenir plus équitable pour tous.